On raconte qu’à son retour de Constantinople, en visitant la rade de Toulon sur son yacht privé, Michel Pacha fut saisi par la ressemblance qu’il découvrit entre la baie du Lazaret, vue de la Tour Royale et l’entrée du Bosphore, vue de Péra où il habitait à Constantinople.
Natif de Sanary, Michel Pacha est issu d’une prestigieuse lignée de capitaines marins. En 1835, alors qu’une épidémie de choléra menace Marseille, son père décide de l’embarquer avec lui comme mousse, sur le Stationnaire, vaisseau qu’il commande à Toulon. Le jeune homme gravit les échelons avec une rapidité exemplaire qui stupéfie ses instructeurs. A la fin de son service actif il s’engage dans la marine marchande où il fait carrière. Le 15 mai 1844 il obtient le brevet de capitaine au long cours par décision ministérielle : dix ans plus tard il est promu directeur général des phares de l’Empire ottoman.
Pour son œuvre dans le domaine des Ports et des Phares de la Turquie, en mer Noire, mer Egée, en Méditerranée et à Constantinople, le sultan élève le commandant Michel à la dignité de « Pacha ». De retour dans sa Province natale, il entreprend d’aménager le quartier de La Seyne sur Mer appelé Tamaris dont Georges Sand, après y avoir séjourné trois mois, écrit : « Tamaris c’est une ville de Grèce, non, c’est une colline dans des grandes déchirures de la côte toulonnaise ».
Doté d’une fortune sans doute considérable, Michel Pacha forme le dessein d’établir à Tamaris une station d’un genre oriental qui accueillerait les riches hivernants désireux de venir se reposer dans cet endroit agréable. Marius Michel Pacha, fît de sa fortune, commence à acheter des terrains puis tout le versant sud, fait construire son château, y installe sa faune et sa flore du Bosphore pourvue de palmiers, de mandariniers et de nombreuses autres essences.
Il y édifie alors une cinquantaine de villas, aux endroits voisins du bord de mer : résidences qu’il entoure de parcs aux essences exotiques et variées telles qu’on les voit sur les bords du Bosphore. Pour desservir convenablement cet ensemble nouveau, il établit une ligne de bateaux à vapeur pour passagers. Ce service permet d’assurer des relations régulières entre la station et Toulon.
Il créé le petit port du Manteau et celui des Sablettes et avec les déblais de ce chenal, il construit sur un marécage la route littorale et son mur de soutènement, cette corniche telle qu’elle existe encore aujourd’hui qui relia les Sablettes à Balaguier.
Les travaux de Tamaris terminés, il se tourne vers les Sablettes pour en faire une station balnéaire comme Tamaris.
Les Sablettes les bains et Tamaris sur Mer resteront station balnéaire jusqu’à la seconde guerre mondiale qui détruisit les vestiges du passé.
Il reste quelques demeures quand même, édifiées par ce concepteur, promoteur et entrepreneur qu’il fut.